Nouvelle vague de perquisitions dans les maisons des Témoins de Jéhovah de la ville de Saransk. Trois croyants ont été arrêtés

Tôt dans la matinée du 14 février 2023, des agents des forces de l’ordre de la ville de Saransk ont effectué au moins 10 perquisitions au domicile de croyants soupçonnés de pratiquer la religion des Témoins de Jéhovah. Mikhaïl Chevtchouk, Artem Velichko et Ivan Neverov ont été envoyés au centre de détention n° 1 de la République de Mordovie.

Le 11 janvier 2023, V. A. Makeyeva, enquêtrice au ministère de l’Intérieur, a engagé des poursuites pénales contre trois résidents locaux. Elle considérait les réunions amicales de croyants comme un crime, c’est-à-dire comme « l’organisation de l’activité d’une organisation extrémiste » (partie 1 de l’article 282.2 du Code pénal de la Fédération de Russie). L’enquêteur K. I. Frantsuzov s’occupe de l’affaire. Le 3 février, il a reçu l’autorisation du tribunal de mener des perquisitions dans la région.

Les forces de l’ordre sont arrivées au domicile de l’une des familles à Saransk à 5h40 du matin. Les forces de sécurité dirigées par l’enquêteur Roman Obraztsov ont saisi des appareils électroniques, des cahiers contenant des recettes et des citations bibliques, ainsi que trois passeports pour voyager à l’étranger. Après une fouille de cinq heures, les agents de l’OMON ont emmené la femme et l’une de ses filles au centre de lutte contre l’extrémisme, où les forces de sécurité ont vérifié comment les réunions religieuses se déroulaient. Selon les croyants, les policiers ont menacé que si la femme ne s’incriminait pas elle-même et n’incriminait pas d’autres croyants, « ce serait mauvais pour ses filles ».

Des mesures d’enquête ont également été menées dans la maison d’un croyant du village de Zvezdnyi, situé à deux kilomètres de la ville de Saransk. Les recherches ont commencé à 6h00 du matin et ont duré trois heures. Le lieutenant-colonel P. P. Soldatkin y a participé. Lorsque les forces de sécurité se sont précipitées sur la propriété, elles ont tiré de la poudre d’un extincteur sur le chien du propriétaire (des soins vétérinaires étaient nécessaires). Les policiers ont fouillé toute la maison de deux étages, avec un grenier et un garage, et ont saisi des cassettes vidéo, des cahiers contenant des poèmes, deux passeports pour voyager à l’étranger, des CD avec des photographies et un enregistrement d’un spectacle pour enfants. Au cours de l’interrogatoire, la femme a été menacée d’être envoyée dans un centre de détention provisoire si elle ne témoignait pas contre elle-même et ses proches. L’interrogatoire a été mené par trois enquêteurs à la fois, dont deux étaient I. S. Markelov et K. I. Frantsuzov.

À Saransk, six croyants, dont une femme, ont déjà été condamnés à une colonie pénitentiaire. L’un des condamnés est Aleksandr, le frère cadet de Mikhaïl Chevtchouk.

La Cour européenne des droits de l’homme a déclaré dans sa décision : « Cette définition large de l’extrémisme [...] [a conduit] à des poursuites arbitraires, mais a également empêché des individus ou des organisations d’être en mesure d’anticiper que leur conduite, aussi pacifique et dénuée de haine ou d’animosité soit-elle, puisse être qualifiée d'"extrémiste » et censurée par des mesures restrictives. (§ 158)